Orchestre des Champs-Elysées

Herreweghe Beethoven Projekt #1

L. v. Beethoven Ouverture "Coriolan" en ut mineur op. 62 (03 déc.)
L. v. Beethoven Symphonie n°1 en ut Majeur op. 21 (05, 06, 07 déc.)
L. v. Beethoven Symphonie n°2 en ré Majeur op. 36 (05, 06, 07 déc.)
L. v. Beethoven Symphonie n°3 en mi b Majeur op. 55 "Héroïque" (03, 05, 06 déc.)
L. v. Beethoven Concerto pour violon en ré Majeur op. 61 (03, 07 déc.)

Isabelle Faust, violon
Philippe Herreweghe, direction

« Le génie beethovénien a donné l’exemple de tous les dépassements et a si bien agrandi les formes traditionnelles qu’elles paraitront éternelles et capables de contenir toute invention musicale à venir». Ainsi le musicologue français Roland de Candé évoquait-il, non sans une certaine emphase, la transformation du langage musical et de ses formes à travers l'oeuvre de Beethoven.

Le corpus que constitue ses neuf symphonies permet à lui seul l'expérience de cette mutation. Celui-ci a toujours tenu une place centrale dans la programmation de l’Orchestre des Champs-Elysées, à la fois point de repère et viatique indispensable pour aborder de nouveaux répertoires. A l’approche du quart de siècle d’existence, l’OCE et Philippe Herreweghe sentent le moment venu de réaliser une synthèse de leur expérience commune de ces neuf symphonies à travers un grand projet qui s’étendra sur plusieurs années, en partenariat avec plusieurs salles européennes prestigieuses parmi lesquelles la Philharmonie de Essen.

Le premier volet de ce Herreweghe Beethoven Projekt englobe notamment les trois premières symphonies et permet déjà d’éprouver le basculement du classicisme viennois vers un univers créatif presque sans équivalent, même parmi ses successeurs, encore ébouriffant deux siècles après sa création, celui de la symphonie Héroïque. Les deux premières symphonies sont marquées par un héritage pluriel, celui que le protecteur des jeunes années à Bonn, le comte Waldstein, prophétise ainsi sur l’album du jeune Beethoven de 22 ans s’apprêtant à partir pour la capitale : « Recevez à Vienne des mains de Haydn l’esprit de Mozart ».

La Première Symphonie, achevée en 1800, est dédiée au grand "agitateur de curiosités" de la Vienne du tournant du XIXème siècle, le baron Gottfried von Swieten. Personnalité centrale de la Vienne du tournant du XIXème siècle notamment en sa qualité de bibliothécaire impérial, auteur des livrets des Saisons et de La Création, il facilita grandement la circulation des œuvres des grands maîtres du passé et contribua notamment à faire connaître Bach et Haendel, à Mozart d’abord, puis à Beethoven. Il contribuera à la découverte et l'assimilation par le jeune Beethoven des chefs d'oeuvres baroques et classiques qui lui permettront d'imiter, puis de transcender. Cet opus 21 est déjà en équilibre entre ces deux attitudes. Le premier mouvement, son introduction lente, et encore plus le finale, d’une permanente facétie, doivent beaucoup à Haydn. Le matériau thématique du mouvement lent a souvent été comparé à celui de la 40ème Symphonie en sol mineur de Mozart. Mais les germes d'un style propre se font déjà jour, notamment dans le "menuet", appellation trompeuse pour une forme nouvelle : le scherzo beethovenien. Si la Deuxième Symphonie, au sublime mouvement lent, est encore une oeuvre "d'héritages", Beethoven propulse en 1804 le genre symphonique, et avec lui la forme sonate, dans un univers nouveau avec l'Héroïque, qui fera dès lors de lui le compositeur vivant le plus admiré de toute l'Europe.

 

Crédits photo: 
Michiel Hendryckx