L.v. Beethoven Symphonie n°5 en ut m op. 67
L.v. Beethoven Symphonie n°6 en fa M op. 68 « Pastorale »
Philippe Herreweghe, direction
Comme il l'a fait tout au long de sa carrière avec l'œuvre de Bach, Philippe Herreweghe réinterroge sans cesse le corpus unique que constituent les neuf symphonies de Beethoven, lequel est chaque fois éclairé sous une lumière différente, fruit des découvertes et des rencontres qui jalonnent son parcours et celui de l'Orchestre des Champs-Élysées. Pas moins de cinq d'entre elles résonneront au TAP au cours de cette saison 2025-2026!
Composée à partir de 1805, la Cinquième n'est terminée qu'en 1808 et créée le 22 décembre de cette même année au Theater an der Wien.
Exprimant "le romantisme qui révèle l'infini" selon les mots E.T.A Hoffmann, l'œuvre produit sur le public d'alors un effet renversant. Berlioz rapporte dans la Gazette Musicale, lors d'un concert à Paris en 1834 : "L'auditoire, dans un moment de vertige, a couvert l'orchestre de ses cris... Un spasme nerveux agitait toute la salle".
D'une puissance extraordinaire, jaillissant d'un matériau élémentaire d'une grande simplicité, tout en se renouvelant sans cesse, la Cinquième est devenue, au fil du temps, non seulement l'incarnation de son compositeur mais de la symphonie comme genre musical.
La Sixième Symphonie, achevée en 1808, est exactement contemporaine de la Cinquième. Elles furent d’ailleurs toutes deux créées le 22 décembre 1808, à Vienne.
Banquet mélodique radieux et serein, la Pastorale est le négatif du big bang métaphysique de la Cinquième. Le 22 décembre, les notes de programme du Theater an der Wien avertissent l’auditeur en ces mots :
"Pastorale Symphonie : mehr Ausdruck der Empfindung ans Malterie" (plus expression de sensations que peinture).
Cependant, le compositeur, après moultes hésitations, décide d’accoler à chacun des cinq mouvements les sous titres « à programme » suivants : « Éveils d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne », « Scène au bord du ruisseau », « Réunion joyeuse de paysans », « Orage, Tempête » et « Chant des pâtres, sentiment de contentement et de reconnaissance après l’orage ». L’imitation du rossignol (flûte), de la caille (hautbois) ou encore du coucou (clarinette), celle d’un orchestre de village dans le troisième mouvement, et évidemment l’orage dans le quatrième entretiennent l’ambigüité.
La Pastorale est déjà loin des "Jahreszeiten" de Haydn et n’est pas encore la Symphonie Fantastique de Berlioz. Transition dans le cycle symphonique beethovenien où elle occupe une place à part, elle ouvre aussi la voie vers les œuvres du romantisme qui exploreront les tréfonds de l’âme humaine.