Orchestre des Champs-Elysées

L.v. Beethoven Concerto pour piano n°4 en sol Majeur op. 58 (29 janvier et 05 février seulement)
L.v. Beethoven Symphonie n°2 en ré Majeur op. 36
L.v. Beethoven Symphonie n°8 en fa Majeur op. 93

Kristian Bezuidenhout, piano
Philippe Herreweghe, direction

Composée dans la continuité temporelle et formelle de la Première Symphonie (1800), la Deuxième est créée le 5 avril 1803 au Theater an der Wien sous la direction du compositeur. Si l'on excepte l'apparition du Scherzo en remplacement du traditionnel Menuet et une accentuation des contrastes dynamiques, la Deuxième Symphonie, au sublime mouvement lent, est encore une œuvre "d'héritages", ceux de Mozart et Haydn en particulier.

De moins de dix années sa cadette, la Huitième Symphonie (1812) a été un temps imaginée par Beethoven comme faisant partie d’un cycle de trois initié par la Septième (1812) et que devait compléter la Neuvième, laquelle ne naîtra finalement que douze ans plus tard. Beethoven continue ici ses explorations dans le domaine du rythme, et plus précisément de la pulsation. Le résultat est plus concentré, plus concis que dans la précédente. La mise en scène même est différente. Pas de lente introduction : le premier mouvement saisit l’auditeur sans préavis et l’emporte dans un tourbillon où les transitions entre les différentes parties sont ménagées par tuilage et qui ne s’évanouie par une pirouette que pour laisser place à un très court deuxième mouvement Allegretto Scherzando (à peine quatre minutes), où humour et jeu sont là encore emmenés par une pulsation immuable. Le Tempo Di Minuetto qui suit, référence au Menuet galant du XVIIIème siècle, détourne aussi la métrique traditionnelle par le biais des sforzandi qui en marquent chacun des trois temps. Enfin, le finale, forme complexe entre le rondo et la sonate, est une chevauchée frénétique sans répit, que seul vient adoucir le lyrisme dolce du deuxième thème.

Le Concerto pour piano n°4 en sol M op. 58, créé par Beethoven lors de ce même concert du 22 décembre 1808 au Theater an der Wien, occupe une place particulière dans le répertoire de piano et dans l’œuvre de son créateur. Plus libre que révolutionnaire, plus singulier que péremptoire, il semble, pour reprendre les mots de Gil Pressnitzer, qu’ « au milieu […] coule une rivière ». Sans être véritablement rhapsodique, l’écriture de piano rappelle la carrière d’improvisateur du jeune Beethoven. Le piano y commence seul, dans le silence de l’orchestre, et le deuxième mouvement tout entier, dans un langage rappelant celui de l’opéra, alterne, dans un mi mineur dramatique et intime, la voix du soliste et celle implacable et terrible de l’orchestre, sans que jamais elles ne se rejoignent, si ce n’est dans les dernières mesures. Heureusement la réconciliation aura lieu dans un Finale en forme de rondo sonate laissant déjà poindre une première esquisse du thème qui deviendra celui de l’Hymne à la Joie.

Philippe Herreweghe et l’Orchestre des Champs-Élysées auront à nouveau la joie et l’immense honneur de retrouver ici le pianofortiste et extraordinaire artiste Kristian Bezuidehout, dont le jeu mêle une infaillible maîtrise et une grande intériorité.  

Crédits photo: 
Craig Melville