Orchestre des Champs-Elysées

Festival de Saintes

Le Labo 2020

L. v. BEETHOVEN Symphonie n°2 en ré Majeur op. 36
L. v. BEETHOVEN Symphonie n°5 en ut mineur op. 67

Philippe Herreweghe, direction

Pour faire face à la crise sanitaire, le Festival de Saintes se réinvente. Du 18 au 25 juillet prochains, neuf expériences inédites de concerts seront proposées dans LE LABO 2020 du Festival de Saintes. Différents moyens de diffusion seront exploités pour partager la musique avec des publics très variés : avec un casque en son binaural dans un transat, sur grand écran dans les jardins de l’Abbaye, dans le cadre d’une retransmission en EHPAD, à la télévision ou la radio, sur les réseaux sociaux, hors les murs de l’Abbaye dans les villages alentour… Les concerts donnés à l’Abbaye feront l’objet d’une captation son et vidéo avec mise en scène et making off.
C’est le 20 juillet que l’Orchestre des Champs-Elysées participera à cette édition exceptionnelle du festival en interprétant notamment une œuvre beethovenienne à la puissance énergisante et libératrice : la Cinquième Symphonie. Cette Cinquième sera à la fois la célébration du retour sur scène de l’orchestre après plusieurs mois confinés et le début d’un large cycle consacré à Beethoven pour le 250ème anniversaire de sa naissance. Il était inconcevable pour l’Orchestre des Champs-Elysées de célébrer cet anniversaire Beethoven sans programmer ses symphonies. Avant de retrouver l’Héroïque lors de la tournée en Asie de la deuxième partie de la saison, ce sont les Deuxième et Cinquième symphonies qui entament les festivités, et qui seront reprises en tournée à l'automne.

« Le génie beethovénien a donné l’exemple de tous les dépassements et a si bien agrandi les formes traditionnelles qu’elles paraitront éternelles et capables de contenir toute invention musicale à venir». Ainsi le musicologue français Roland de Candé évoquait-il, non sans une certaine emphase, la transformation du langage musical et de ses formes à travers l'oeuvre de Beethoven.
Les deux premières symphonies sont marquées par un héritage pluriel, celui que le protecteur des jeunes années à Bonn, le comte Waldstein, prophétise ainsi sur l’album du jeune Beethoven de 22 ans s’apprêtant à partir pour la capitale : « Recevez à Vienne des mains de Haydn l’esprit de Mozart ». La Deuxième Symphonie, au sublime mouvement lent, est encore une œuvre "d'héritages".
Entre ses deux premières symphonies et celles de l'après Testament d’Heiligenstadt (lettre bouleversante à ses frères marquant un tournant dans sa psychologie et dans son style), Beethoven développe à partir de l'Héroïque, et plus encore peut-être avec cette Cinquième, un univers sonore inouï.
Composée à partir de 1805, c'est à dire chronologiquement immédiatement après la Troisième, la Cinquième n'est terminée qu'en 1808 (la Quatrième ayant été écrite d'une seule traite dans l'intervalle) et créée le 22 décembre de cette même année au Theater an der Wien. Exprimant "le romantisme qui révèle l'infini" selon E.T.A Hoffmann, l'œuvre produit sur les auditoires d'alors un effet renversant. Berlioz rapporte dans la Gazette Musicale, lors d'un concert à Paris en 1834 : "L'auditoire, dans un moment de vertige, a couvert l'orchestre de ses cris... Un spasme nerveux agitait toute la salle". D'une puissance extraordinaire, jaillissant d'un matériau élémentaire d'une grande simplicité, tout en se renouvelant sans cesse, la Cinquième est devenue, au fil du temps, non seulement l'incarnation de son compositeur mais de la symphonie comme genre musical.

Elle sonnera en ce 20 juillet 2020, et après tant de semaines de frustration et de douleur, le début de la résilience.

Crédits photo: 
Sylvain Giles