Orchestre des Champs-Elysées

LANGRÉE/CHAMAYOU

SAINT-SAËNS 360°

C. SAINT-SAËNS, « DANSE MACABRE » OP. 40
C. SAINT-SAËNS, CONCERTO POUR PIANO N°5 EN FA MAJEUR OP. 103 « EGYPTIEN »
C. SAINT-SAËNS, SYMPHONIE N°3 AVEC ORGUE EN UT MINEUR OP. 78

BERTRAND CHAMAYOU, PIANO
VINCENT WARNIER, ORGUE
LOUIS LANGREE, DIRECTION

La Symphonie avec orgue de Saint-Saëns, cathédrale sonore dont elle emprunte l’instrument emblématique, fit dire à Gounod que ce dernier était le Beethoven français. Seulement huit années séparent la mort du compositeur allemand (1827) de la naissance de Saint-Saëns (1835). Des maîtres français du XIXè, Saint-Saens (1835-1921) est de ceux qui ont le plus puisé leur inspiration parmi leurs illustres aînés, les maîtres allemands en particuliers.
Louis Langrée, qui a tant guidé l’Orchestre des Champs-Elysées sur les chemins de la musique française du XXè siècle ces dernières saisons, jette avec ce programme entièrement consacré à Saint-Saëns un pont vers le répertoire historique de l’orchestre.

Composée en 1886, la Troisième Symphonie de Saint-Saëns sera sa dernière. Vingt-sept ans se sont écoulés depuis la précédente : le compositeur a peaufiné son art de l’orchestre à travers ses poèmes symphoniques. Moins anecdotique qu’il n’y paraît, elle est commandée par la prestigieuse Royal Philharmonic Society de Londres, déjà commanditaire de la … Neuvième Symphonie de Beethoven. À l’image de cette dernière, la Symphonie avec orgue est une œuvre majesteuse et grandiose, dont la nomenclature pléthorique semble pousser encore les murs de celle de la Symphonie Fantastique de Berlioz, faisant entrer dans l’orchestre l’orgue et le piano. Dédiée à Liszt, elle lui emprunte le procédé de la métamorphose thématique, principe d’un thème cyclique, s’apparentant ici au Dies Irae de la Messe des morts grégorienne.

Pendant parodique du très sérieux Dies Irae de la Symphonie avec orgue, le Dies Irae de la Danse Macabre met en musique le texte de Henri Cazalis :

Zig et zig et zag, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon
La Mort à minuit joue un air de danse
Zig et zig et zag sur son violon

Pleine de panache et de dérision, l’œuvre débute par les douze coups de minuits, puis la Mort représentée par le violon solo s’accorde en quartes augmentées (l’intervalle diabolique). Elle entame une valse langoureuse tandis que les squelettes s’entrechoquent au son du xylophone. Pour finir la danse vire au sabbat démoniaque, que dispersent le chant du coq et le lever du jour.

Composé au seuil du XXè siècle, le Cinquième Concerto « Égyptien » pour piano (1895), l’œuvre la plus tardive de la soirée, tend aussi la main aux maîtres du passé. Elle est dédiée au grand pianiste et ami Louis Diémer. Saint-Saens et lui partageaient une même passion pour les maîtres anciens, que ce dernier jouait au clavecin. Nul doute que cela a inspiré à Saint-Saens une écriture pianistique particulière, qui requiert un toucher spécifique, net et perlé. Esquissé à Louxor, l’œuvre ne dévoile ses origines que dans le deuxième mouvement, dans lequel Saint-Saëns utilise les modes arabes madmi, mjanba et ramal, caractérisés par la présence d’intervalles de secondes augmentées. Il se rappelait ainsi, écrivait-il, « un chant d’amour nubien qu’[il avait] entendu chanter sur le Nil ». Un Finale à la virtuosité éblouissante conclut l’œuvre dans « un tourbillon d’octaves crépitantes », selon les mots d’Alfred Cortot.

Heureux et chanceux que nous sommes de retrouver le fidèle Bertrand Chamayou pour ce voyage en musique dans le temps et dans l’espace.