Pour l’Orchestre des Champs-Élysées et Philippe Herreweghe, l’œuvre de Beethoven représente à la fois un repère immuable et le point de bascule entre les répertoires qu’il a explorés au fil des décennies. Ce corpus symphonique unique a toujours figuré dans sa programmation. Il s'est imposé telle une évidence pour célébrer les trente ans de l'orchestre sous la forme d'une intégrale en concert. Joué mais jamais enregistré, il représente une matière vivante qu’on ne souhaite figer, et chaque nouvelle interprétation est éclairée d'une lumière particulière, comme une expérience unique.

La Quatrième symphonie contraste par sa légèreté et son humour avec les deux monuments qui l’entourent que sont l’Eroica et la Cinquième. « Une menue dame grecque prise entre deux dieux nordiques » disait Schumann. D’une forme plus « classique » que la Troisième, elle s’inscrit dans la continuité des deux premières symphonies, très marquées par l’héritage de Mozart et Haydn. Elle se conclue d’ailleurs par un jeu de cache-cache entre le basson solo et le reste de l’orchestre dont l’espièglerie et l’art de la surprise semblent tout droit sortis d’une symphonie de Haydn.
 À la lumière radieuse de la Quatrième succède ici le tourbillon de l’« Apothéose de la Danse », selon les mots de Richard Wagner. Les premières esquisses de la Septième montrent un travail d’abord axé autour de motifs rythmiques. Ils forment la pierre angulaire de chaque mouvement, lesquels sont construits principalement autour d’une ou deux cellules spécifiques. Le « pôle de référence » est moins ici l’élément mélodique que la « configuration rythmique ». L’œuvre est caractérisée par une grande vitalité et une dynamique quasiment ininterrompue, emportant l’auditeur, en particulier dans le final, dans un mouvement proche de la transe. Les cordes graves, impulsent, comme autant de battements de cœur, l’énergie vitale de cette symphonie où le rythme est roi.