J. HAYDN La Création
Mari Eriksmoen, soprano
Patrick Grahl, ténor
Florian Boesch, basse
Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction
C’est avec La Création que l’Orchestre des Champs-Elysées donnait son premier concert au Théâtre des Champs-Elysées le 1er juin 1991. Depuis cet acte de naissance, le chef d’œuvre de Haydn, enregistré chez Phi/Outhere en 2014, n’a cessé de l’accompagner, tant il est au cœur du répertoire de l’orchestre, entre classicisme et romantisme, puisant son inspiration dans les grands oratorios de Händel.
Si son livret, issu de l’Ancien Testament et du Paradis Perdu de Milton, entre sacré et profane, traite du commencement de toute chose, l’œuvre est aussi, au même titre que Les Saisons, une synthèse éblouissante de l’art de Haydn, « la somme de toutes ses sagesses » (Marc Vignal). Au crépuscule de sa carrière, celui qui a tant œuvré dans le domaine du quatuor à cordes et de la symphonie convoque ici grand orchestre et chœur mixte à quatre voix, ainsi que trois solistes qui personnifient les archanges Gabriel (soprano), Uriel (ténor) et Raphaël (basse), puis dans la troisième partie Adam (basse) et Ève (soprano). Pour la première fois, Haydn, qui travailla sans relâche durant deux longues années à son ouvrage, avoue songer à la postérité « J’y mets le temps parce que je veux que cela dure », précédant par là des ambitions toutes beethoveniennes.
En cette aube du XIXème siècle, « les contemporains reconnurent dans La Création la proclamation d’une humanité à l’image de Dieu, opposée à celle émanant des cantates de Bach des années 1710-1730, où face à Dieu l’homme n’est rien ; et aussi des préoccupations fraternelles, voire maçonniques, déjà énoncées dans la Flûte Enchantée (1791) » et qui précèdent de quelques années celles des grandes œuvres prométhéennes et émancipatrices de Beethoven.
Conformément à l’esprit des Lumières, tout fut organisé, avec l’aide financière et artistique de l’incontournable Baron von Swieten, pour que La Création trouve le plus grand écho possible auprès des peuples d’Europe. Le livret de la première édition fut notamment publié, fait sans précédent, à la fois en anglais et en allemand. Le succès de l’œuvre fut retentissant dès ses premières exécutions, et se propagea très vite de l’Autriche à l’Allemagne, puis à l’Angleterre, à la France, et jusqu’à la Suède et à la Russie.
Quelle meilleure introduction aux nombreuses célébrations du 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven qui jalonneront cette année 2020 que cette Création, œuvre testamentaire mais surtout ouverture vers un siècle nouveau et vers une nouvelle ère, que Beethoven incarnera mieux que quiconque.