Orchestre des Champs-Elysées

Chamayou joue Mozart

W. A. MOZART Concerto pour piano n°23 en la M K. 488
W. A. MOZART Symphonie n°36 en ut M K. 425 « Linz »

Bertrand Chamayou, piano
Alessandro Moccia, violon et direction

En novembre 2016 débutait entre Bertrand Chamayou et l’Orchestre des Champs-Elysées une magnifique et très prometteuse collaboration autour du Cinquième Concerto « l’Empereur » de L. v. Beethoven. Sa technique souveraine, alliée à un engagement et à une intégrité stylistique sans faille, avaient alors conquis les publics de France, d’Italie et d’Allemagne. Il interprète cette fois le Concerto n°23 en la Majeur de W. A. Mozart, dirigé du violon par Alessandro Moccia.

Entre 1782 (l’année qui suit son emménagement à Vienne) et 1786, Mozart compose quinze de ses vingt-sept concertos pour piano. La qualité inouïe de cette explosion créatrice n’aura probablement d’égal, dans l’œuvre du compositeur, que dans le domaine de l’opéra. Il est d’ailleurs remarquable que l’hiver 1785-1786, pendant lequel Mozart compose ce Concerto en la Majeur, coïncide avec l’achèvement des Noces de Figaro. La création d’autres œuvres que l’opéra à ce moment précis était sûrement, pour son esprit génial, moins un poids supplémentaire qu’une manière de trouver une place à chacune de ses nouvelles découvertes, tant son labeur vaste et complexe faisait naître plus d’idées musicales que ne pouvait en contenir le cadre rigide de l’œuvre lyrique. Joyau parmi les joyaux, Alfred Einstein évoque au sujet de ce Concerto la « richesse des couleurs et la transparence d’un vitrail ». L’œuvre culmine sans aucun doute dans son mouvement lent, écrit dans la tonalité très inhabituelle chez Mozart de fa dièse mineur : l’absolu d’équilibre et de grâce dialogue ici avec une noirceur et une puissance dramatique annonçant déjà les premiers chefs d’œuvre du romantisme. Il sera le dernier mouvement lent en mode mineur de Mozart.

Un an plus tôt naissait la symphonie n°36 en ut M K.425, autre grande page des années viennoises. Le compositeur rentre alors d’un sombre séjour de trois mois à Salzbourg, chez son père Leopold, qui voit d’un mauvais œil ses récentes noces avec Constance. Les temps sont particulièrement durs pour les deux époux qui ont appris, pendant leur absence de Vienne, la mort brutale de leur petit bébé. Ils font escale à Linz où l’accueil que leur réserve le Comte Thun leur réchauffera le cœur. Mozart témoignera sa chaleureuse reconnaissance par une prouesse à la hauteur de son fulgurant génie : celle de composer en quatre jours une grande symphonie qui le consacrera comme maître du genre et annoncera ses quatre derniers chefs d’œuvres du genre : la symphonie Prague et le cycle des trois dernières symphonies.

Crédits photo: 
Marco Borggreve