Orchestre des Champs-Elysées

Brahms Perspectives #3

J. BRAHMS Concerto pour violon en ré M op. 77
R. SCHUMANN Symphonie n°2 en ut M op. 61

Isabelle Faust, violon
Philippe Herreweghe, direction

Nouvelle mise en regard de la musique de Schumann avec celle de Brahms pour ce Brahms Perspectives, qui à l'inverse du précédent opus, associe le matériau symphonique du premier au concertant du second.

Les deux œuvres présentées ici contrastent par leur climat et les états d'âmes dont elles sont le reflet. La composition de la Deuxième Symphonie de Schumann entre 1845 et 1846 fait suite à une période dépressive dont le compositeur sent l'expression dans sa musique : « Je crains qu'on puisse deviner mon état de fatigue en écoutant cette musique. J'ai commencé à devenir un peu plus moi-même au cours de la rédaction des derniers mouvements et j'étais certainement en meilleure forme à l'achèvement de mon œuvre. Cela me rappelle une période sombre de ma vie ».
Des quatre mouvements qui composent la symphonie, c'est le troisième, Adagio Espressivo, qui en est le cœur et le pivot dramatique, porté notamment par un solo de hautbois où la beauté de la ligne mélodique et la puissance expressive semblent permettre à Schumann de dépasser sa douleur et de conclure sa symphonie en un finale épanoui aux accents presque victorieux.
C'est la tonalité lumineuse de ré Majeur, ayant entre autres vertus de faire résonner entre elles trois des cordes à vide du violon (le ré comme tonique, le la comme dominante, et le sol comme sous-dominante) que Brahms a choisi pour son unique concerto pour violon, comme Mozart et Beethoven avant lui, Tchaïkovski et Stravinsky après lui.
Monument du répertoire de violon, il n'en est pas moins, comme souvent dans la musique concertante de Brahms, un chef d'œuvre symphonique où l'orchestre partage l'affiche à égalité avec le soliste, ce qui fit dire à Hans Von Bülow que le concerto de Brahms n'était pas «  pour violon »  mais « contre le violon ». Accompagné et conseillé dans son travail de composition par son ami et star de l'époque Joseph Joachim (qui en assurera la création sous sa baguette le 1er janvier 1879) Brahms inaugure avec ce chef d'œuvre l'ère du grand concerto romantique pour violon dont Tchaïkovski et Sibelius seront parmi les plus grands continuateurs.
Comme en miroir de la symphonie de Schumann de 33 ans sa cadette, Brahms confie au hautbois un des plus beaux solos d'orchestre de tout le répertoire dans le mouvement lent qui sera suivi, comme chez Schumann, par un final libérateur et d'une joie communicative.

L'Orchestre des Champs-Elysées a l'immense bonheur de retrouver Isabelle Faust, parfaite interprète de Brahms alliant rigueur classique, perfection technique (dans ce concerto considéré lors de sa création comme quasi-injouable), et intensité expressive, lors de cette tournée qui les conduira à travers l'Europe, de Cracovie à Lugano, en passant par Gand, Ludwigshafen et Essen.

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123RF/Kozachok