W. A. MOZART Symphonie n°35 en ré M K. 385 « Haffner »
W. A. MOZART Requiem en ré m K. 626 (version F.X. Süssmayr)
F. MENDELSSOHN « Mitten wim im Leben sind » op. 23 n°3 (seulement 26/11)
Mari Eriksmoen, Eva Zaïcik, Ilker Arcayürek, Samuel Hasselhorn
Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction
Au fil des décennies et des tournées à travers l’Europe et au-delà, l’interprétation du Requiem de Mozart par l’Orchestre des Champs-Élysées, le Collegium Vocale et Philippe Herreweghe est devenue une référence incontestable et chaque nouvelle production est un évènement. La somptuosité de cette nouvelle tournée européenne en donne la mesure : pas moins de douze concerts dans les plus belles salles d’Europe, parmi lesquelles l’Auditorium de Dijon, l’Elbphilharmonie de Hambourg, le Concertgebouw d’Amsterdam, la Philharmonie de Cologne, la Philharmonie de Essen, le Alte Oper de Francfort et l’Isarphilharmonie de Munich.
L’enregistrement du Requiem par Philippe Herreweghe pour Harmonia Mundi en 1997, alliance de sobriété et de ferveur, reste un indispensable de la discographie. Nourrie par la pratique de l’œuvre de Bach, son interprétation brille par sa rigueur et sa transparence contrapuntique.
La découverte de l’œuvre de Bach par Mozart au début des années 1780 fut certainement un des grands tournants de son œuvre, nourrissant chez lui un goût grandissant pour la musique religieuse. Durant les trois dernières années de sa vie, Mozart recopie nombre d’œuvres sacrées de compositeurs viennois, réalise plusieurs arrangements d’œuvres de Haendel dont le Messie, et entreprend la composition de cinq messes dont les fragments qui nous sont parvenus témoignent de sa recherche d’une esthétique nouvelle. Bien qu’étant une œuvre de commande, le Requiem coïncide parfaitement avec les aspirations de Mozart de cette période qui élabore un langage nouveau dont deux traits caractéristiques sont, selon les mots du compositeur Pierre-Henri Dutron « un resserrement du matériau à sa plus simple expression et un rapport grandissant à l’écriture contrapuntique ». Pratique inhabituelle chez Mozart, l’utilisation de brouillons pour la composition du Requiem confirme le caractère expérimental de son travail.
Des quatorze pièces que comporte le Requiem, il n’a achevé que la première : l’Introïtus. Du Kyrie à l’Hostias, seuls les lignes vocales et quelques fragments d’orchestre nous sont parvenus. Et à partir du Sanctus, plus rien…
Le miracle du Requiem, dont la puissance émotionnelle reste encore aujourd’hui unique et universelle, tient sans aucun doute au génie de Mozart, dont le style encore en devenir avait déjà acquis une telle aura qu’il a suffi à Sussmayr, élève de Salieri, de se laisser porter par l’impulsion créatrice du Maître dans son travail de complétion. Le Lacrymosa est un exemple parfait de ce prodige : c’est une des plus belles pages de l’histoire de la musique alors que Mozart n’en a composé que huit mesures…
Le ré mineur du Requiem contrastera avec le ré Majeur éclatant de la Symphonie n.35 KV 385 dite « Haffner » de près de 10 ans sa cadette. Sigmund Haffner, maire de Sazburg fraîchement anobli commande en juillet 1782 à Mozart une sérénade pour célébrer l’événement. La commande de la sérénade probablement annulée, le compositeur reprend le matérieu déjà existant pour en faire une symphonie. Rien de funèbre ici, une œuvre lumineuse, pétillante, pleine de vie et d’énergie. Le finale qui doit être joué « le plus vite possible » n’est pas sans rappeler l’exubérant finale de l’Enlèvement au Sérail KV384 aux étourdissantes turquerie datant de la même année.