Orchestre des Champs-Elysées

Elias

F. MENDELSSOHN « Elias » oratorio op. 70

Christina Landshamer, soprano
Gerhild Romberger, alto
Werner Güra, ténor
Andrè Schuen, baryton

Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction

Au terme de dix ans d’hésitations et d’atermoiements, Mendelssohn décidait d’écrire lui-même le livret de son Elie. Comme il l’avait fait pour son autre grand oratorio Paulus, il sollicita les conseils avisés du pasteur de Dessau Schubring auquel il exprimait en ces mots en 1838 sa vision de son personnage principal : «  Je me suis représenté Elie comme un prophète bien véritable, comme il nous en faudrait un de nos jours, plein de force et de ferveur, aussi volontiers irrité, en colère et sévère, opposé au ramassis de courtisans et de canailles et à presque tout le reste, et cependant comme soutenu par des ailes d’ange. »
« Un prophète bien véritable […] soutenu par des ailes d’ange », rien ne définit mieux la musique d’Elias, celle d’une spiritualité à hauteur d’homme. Le Livre des Rois de l’Ancien Testament offre au compositeur un grand nombre de scènes, de personnages, à la hauteur de l’énergie créatrice du jeune homme de 37 ans, porté par le succès retentissant de son Paulus.
On croise tour à tour la Reine, l’Enfant, la Veuve, l’Ange, Abdias, le Peuple, les Prophètes de Baal, un trio d’Anges, autant de protagonistes des différentes scènes avec le prophète. Malgré son indéniable unité, Elias est une œuvre composite riche, variée et contrastée, à l’image de cette galerie de personnages et de leurs péripéties. La musique de Mendelssohn est nourrie de celle de ses idoles, Bach et Haendel en tête, parfois à la limite de l’hommage voire du mimétisme, alternant la puissance dramatique et la ferveur des chorals des Passions du premier, et la flamboyance du Messie du second. Et lorsque les éléments se déchainent comme dans le Chœur 34 de la Deuxième Partie (« Le Seigneur passa, précédé par une violente tempête qui fendait les montagnes et brisait les rochers, […] et la terre trembla […] et après le tremblement de terre vint un feu »), elle semble la continuation éclatante des derniers oratorios de Haydn, La Création en particulier, avec cuivres et timbales en majesté.
Belle à chaque instant, la musique de Mendelssohn est ici d’une constante générosité, d’une totale sincérité, toujours spontanée, dans le drame comme dans le recueillement, toute de contrastes et de relief. Elle a pu souffrir d’interprétations par trop « classiques » et d’une certaine mièvrerie. L’écueil ne date pas d’hier, Mendelssohn le déplora lui-même lors de la première qu’il dirigea. Il écrivit à propos de la prestation de sa soprano soliste : « Tout y était gentillet, complaisant, élégant, impropre, sans âme et écervelé de surcroît, et la musique subit un je ne sais quoi d’aimable qui me rend aujourd’hui encore furieux quand j’y pense. »
Plus que tout autre, la grandeur et la richesse de cette musique ne peuvent être révélées qu’à la lumière de ses influences : tout le credo de l’Orchestre des Champs-Elysées, du Collegium Vocale Gent et de Philippe Herreweghe, qui entoureront ici le Elias de la star montante Andre Schuen.

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123RF/Simon Dannhauer