Orchestre des Champs-Elysées

Beethoven 1x1

L.v. BEETHOVEN Concerto pour piano n°1 en ut M op. 15
L.v. BEETHOVEN Symphonie n°1 en ut M op. 21

Yury Martynov, piano
Alessandro Moccia, violon et direction

 

La deux premières symphonies sont marquées par un héritage pluriel, celui que le protecteur des jeunes années à Bonn, le comte Waldstein, prophétise ainsi sur l’album du jeune Beethoven de 22 ans s’apprêtant à partir pour la capitale : « Recevez à Vienne des mains de Haydn l’esprit de Mozart ».
La Première, achevée en 1800, est dédiée au grand "agitateur de curiosités" de la Vienne du tournant du XIXème siècle, le baron Gottfried von Swieten. Personnalité centrale de la capitale autrichienne de cette époque, notamment en sa qualité de bibliothécaire impérial, auteur des livrets des Saisons et de La Création, il facilita grandement la circulation des œuvres des grands maîtres du passé et contribua notamment à faire connaître Bach et Haendel, à Mozart d’abord, puis à Beethoven. Il favorisa la découverte et l'assimilation par le jeune Beethoven des chefs d'œuvres baroques et classiques qui lui permettront d'imiter d’abord, puis de transcender.
Cet opus 21 est déjà en équilibre entre ces deux périodes. Le premier mouvement, son introduction lente, et encore plus le finale, d’une permanente facétie, doivent beaucoup à Haydn, alors que le matériau thématique du mouvement lent a souvent été comparé à celui de la 40ème Symphonie en sol mineur de Mozart. Mais les germes d'un style propre sont déjà perceptibles, notamment dans le "menuet", appellation trompeuse pour une forme nouvelle : le scherzo beethovenien.

Il souffle dans le Premier Concerto pour piano, né quatre ans plus tôt et créé en 1800, la même vigueur, la même énergie juvénile d’un Beethoven encore dans sa vingtaine, que dans la Première Symphonie. Formellement parlant, il est d’inspiration comparable à cette dernière, les deux mouvements extrêmes devant beaucoup aux maîtres classiques. L’Allegro con brio, qui s’ouvre sur une longue et solennelle introduction orchestrale, fait place à une écriture concertante où le soliste règne en maître, équilibre que Beethoven bouleversera seulement quelques années plus tard, dans son Concerto pour violon datant de 1806, s’attirant les foudres des critiques de l’époque. Le Rondo final, comme le Finale de la symphonie, mêle cette énergie juvénile et ce caractère ludique si propres à Haydn.
Beethoven, sévère avec son œuvre qu’il décréta rapidement comme étant une musique du passé, y imprime déjà son empreinte, en particulier dans le mouvement lent, dont la sereine grandeur, l’ampleur sobre et intime annoncent ses œuvres plus tardives.

À la fois élève d’un lauréat du légendaire concours Van Cliburn (Mikhaïl Voskressentsky) et fondateur du premier département de Musique ancienne du Conservatoire de Moscou, le pianiste Yuri Martinov apportera à ce concerto toute la richesse de ses influences et de son parcours, comme dans son intégrale très remarquée et unanimement encensée des symphonies de Beethoven transcrites par Liszt, publiées sous le label Alpha.

Crédits photo: 
Laurent Becot Ruiz