Orchestre des Champs-Elysées

Herreweghe

Beethoven Projekt #4

L.v. Beethoven Symphonie n°8 en fa Majeur op. 93
L.v. Beethoven Symphonie n°9 en ré mineur op. 125
L.v. Beethoven Concerto pour piano n°5 « L'Empereur » op. 73 en mi b Majeur

Christina Landshamer, Stefanie Iranyi, Maximilian Schmitt, Thomas Bauer
Collegium Vocale Gent
Eric Le Sage, piano
Philippe Herreweghe, direction

Ultime étape avant l’intégrale des symphonies à Paris au Théâtre des Champs-Elysées en mars 2017, le « Herreweghe Beethoven Projekt #4 » s’articule autour des deux dernières symphonies.

Composée entre 1811 et 1812, la Huitième Symphonie a été un temps imaginée par Beethoven comme faisant partie d’un cycle de trois initié par la Septième et que devait compléter la Neuvième, laquelle ne naîtra finalement que douze ans plus tard. Beethoven continue ici ses explorations dans le domaine du rythme, et plus précisément de la pulsation. Le résultat est plus concentré, plus concis que dans la précédente. La mise en scène même est différente. Pas de lente introduction : le premier mouvement saisit l’auditeur sans préavis et l’emporte dans un tourbillon où les transitions entre les différentes parties sont ménagées par tuilage et qui ne s’évanouie par une pirouette que pour laisser place à un très court deuxième mouvement Allegretto Scherzando (à peine quatre minutes), où humour et jeu sont là encore emmenés par une pulsation immuable. Le Tempo Di Minuetto qui suit, référence au menuet galant du XVIIIème siècle, détourne aussi la métrique traditionnelle par le biais des sforzandi qui en marquent chacun des trois temps. Enfin, le finale, forme complexe entre le rondo et la sonate, est une chevauchée frénétique sans répit, que seul vient adoucir le lyrisme dolce du deuxième thème.

La « Neuvième », avec son finale avec choeur mixte et quatre solistes, ses proportions inouïes jusqu’alors pour une symphonie (plus d’une heure de musique) et sa facture révolutionnaire qui tétanisera la plupart des successeurs de Beethoven, occupe une place à part tant dans son oeuvre que dans l’Histoire de la musique. Sans parler de Brahms qui fut très longtemps inhibé par le corpus symphonique beethovenien, on pense ici à Schubert, Mahler, Bruckner, ces deux derniers ayant même laissé leur Neuvième respective inachevée.
Le temps de la composition s’étend sur plus de 10 ans, c’est à dire de 1812 (la période de gestation des Septième et Huitième symphonies), à sa création en mai 1824 Kärtnertortheater.
Cette oeuvre monumentale porte en elle tout le paradoxe beethovenien. Celui dont les proches disaient qu’il semblait « affligé d’une tristesse incurable » et que son rire était « celui d’un homme qui n’était pas accoutumé à la joie », a nourri toute sa vie le projet de la célébrer. Dès la publication du texte de Schiller au début des années 1790 (Beethoven vient d’avoir 20 ans), il a déjà le projet de le mettre en musique. Et malgré sa tragique destinée qui le rendra au fil des années plus solitaire, sombre et misanthrope, l’idée ne le quittera pas. Cette inspiration inébranlable, empreinte d’une lumineuse espérance qui contraste tant avec la noirceur de son existence, dépasse le cadre de sa propre vie et de celle de ses contemporains, témoignant de la foi du compositeur dans l’avenir de l’Humanité, dans son émancipation et sa félicité future.

A Saintes et Poitiers, l’Orchestre des Champs-Elysées retrouve le pianiste Eric Le Sage après une première rencontre très prometteuse autour du concerto « Jeunehomme » de Mozart lors de la résidence en Corée de mai 2015. Le pianiste se joint cette fois à notre projet Beethoven et interprètera le concerto n°5 « Empereur ».

Crédits photo: 
Junichi Hakoyama