Orchestre des Champs-Elysées

Herreweghe

Beethoven Projekt #3

L. v. Beethoven Symphonie n°6 en fa Majeur op. 68 « Pastorale » (12, 13, 17 nov.)
L. v. Beethoven Symphonie n°7 en la Majeur op. 92 ( sauf 9 et 17 nov.)
L. v. Beethoven Concerto pour piano n°5 « L'Empereur » en mi b Majeur op. 73 (sauf 12, 13, 15 nov.)
W. A. Mozart Symphonie n°39 en mi b Majeur K. 543 (9 et 15 nov.)

Bertrand Chamayou, piano
Philippe Herreweghe, direction

Articulé autour de la Pastorale et de la Septième, le programme du Beethoven Projekt #3 rayonnera de France en l’Italie via l’Allemagne, notamment au sein de nos deux résidences pluri-annuelles dans les prestigieuses Philharmonie de Essen et Liederhalle de Stuttgart.

La Sixième Symphonie, achevée en 1808, est exactement contemporaine de la Cinquième. Elles furent d’ailleurs toutes deux créées le 22 décembre 1808, à Vienne. Banquet mélodique radieux et serein, la Pastorale est le négatif du big bang métaphysique de la Cinquième. Le 22 décembre, les notes de programme du Theater an der Wien avertissent l’auditeur en ces mots : « Pastorale Symphonie : mehr Ausdruck der Empfindung ans Malterie » (plus expression de sensations que peinture). Cependant, le compositeur, après moultes hésitations, décide d’accoler à chacun des cinq mouvements les sous titres « à programme » suivants : « Eveils d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne », «  Scène au bord du ruisseau », « Réunion joyeuse de paysans », « Orage, Tempête » et « Chant des pâtres, sentiment de contentement et de reconnaissance après l’orage ». L’imitation du rossignol (flûte), de la caille (hautbois) ou encore du coucou (clarinette), celle d’un orchestre de village dans le troisième mouvement, et évidemment l’orage dans le quatrième entretiennent l’ambigüité. Laquelle a eu la vie longue, à lire Claude Debussy dans le chapitre XIII de son Monsieur Croche antidillettante : « Ruisseau où les boeufs viennent apparemment boire (la voix des bassons m’invite à le croire), sans parler du rossignol en bois et du coucou suisse, qui appartiennent plus à l’art de M. de Vaucanson qu’à une nature digne de ce nom… Tout cela inutilement imitatif ou d’une interprétation purement arbitraire » .
La Pastorale est déjà loin des Jahreszeiten de Haydn et n’est pas encore la Symphonie Fantastique de Berlioz. Transition dans le cycle symphonique beethovenien où elle occupe une place à part, elle ouvre aussi la voie vers les oeuvres du romantisme qui exploreront les tréfonds de l’âme humaine.

A la lumière radieuse de la Pastorale succède, trois en plus tard, le tourbillon de l’« Apothéose de la Danse », selon les mots de Richard Wagner. Composée entre 1811 et 1812, la Septième symphonie est donnée pour la première fois le 8 décembre 1813 dans la grande salle de l’Université à Vienne. La création est un succès total : l’Allegretto est joué deux fois de suite tant le public est enthousiaste. Les premières esquisses de l’automne 1811 montrent un travail d’abord axé autour de motifs rythmiques. Ceux-ci forment la pierre angulaire de chaque mouvement, lesquels sont construits principalement autour d’une ou deux cellules spécifiques. Le « pôle de référence » est moins ici l’élément mélodique ou le timbre que la « configuration rythmique ». L’oeuvre est caractérisée par une grande vitalité et une dynamique quasiment ininterrompue, emportant l’auditeur, en particulier dans le finale, dans un mouvement proche de la transe. Les cordes graves, dont Beethoven a exigé qu’elles soient étoffées et renforcées à la lumière des premières répétitions organisées dans les appartements de l’archiduc Rodolphe le 21 avril 1813, impulsent, comme autant de battements de coeur, l’énergie vitale de cette symphonie où le rythme est roi.

Cette tournée sera également l’occasion d’une première rencontre avec le grand pianiste français Bertrand Chamayou que l’éclectisme conduira, après une intégrale Ravel remarquable, à interpréter avec nous le Cinquième Concerto en mi bémol Majeur op. 73, dit « l’Empereur », composé dans les trois années qui séparent la Pastorale de la Septième.

Crédits photo: 
Junichi Hakoyama