Cette magnifique énergie poétique se retrouve tout au long de la Symphonie « Eroica ». Les coudes pliés, les avant-bras à hauteur de sa tête, Philippe Herreweghe conduit son orchestre par de petits mouvements saccadés d’une diabolique précision. La cohésion de l’ensemble est absolument remarquable et là, encore, la musique est racontée plus que jouée. Ainsi, dans la fameuse marche funèbre, Herreweghe ne succombe pas au pathos souvent lancé par les chefs des grands ensembles symphoniques. « Sa » marche est solennelle, empreinte d’une grandeur imposante. Un choix certainement plus judicieux que la lente tristesse d’une marche funèbre, n'en déplaise à la note de Beethoven sur ses esquisses. Quand le regard s’échappe vers les membres de l’orchestre, on y voit la fascinante Ageet Zweistra dont l’implication physique autant que musicale laisse l’impression qu’elle joue la symphonie à elle toute seule.
Jacques Schmitt
A l’occasion du concert « Beethoven Projekt #1 » au Victoria Hall de Genève